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Les Cavaliers de l’Addiction : Révélation contemporaine

Ils sont quatre.
Ils ne viennent pas du désert, ni du ciel.
Ils surgissent des interstices de nos vies modernes — des ruelles éclairées au néon, des écrans bleus, des poches trouées, des silences trop longs.
Ils ne portent pas l’Apocalypse, mais quelque chose de plus insidieux : la lente érosion du réel.

Le Cavalier du Rire

Monté sur un cheval blanc, il tient une bombe de gaz pour crème chantilly comme un sceptre grotesque.
Son rire est mécanique, spasmodique, sans cause ni conséquence.
Il incarne l’euphorie instantanée, le plaisir en spray, le divertissement sans fond.
Il traverse les fêtes, les festivals, les parkings, laissant derrière lui des éclats de rire sans mémoire.

Son passage ne tue pas — il anesthésie.

Le Cavalier de l’Énergie

Sur un cheval rouge, nerveux, haletant, il trace des lignes semblables à du sucre glace sur une table de marbre.
Son regard est tendu, son souffle court.
Il incarne la performance à tout prix, le courage en poudre, l’endurance chimique.
Il hante les ateliers, les bureaux, les open spaces.

Son passage ne détruit pas — il épuise.

Le Cavalier de la Distraction

Sur un cheval noir, il ne regarde pas devant lui.
Il est absorbé par un smartphone géant, ses doigts glissent, ses yeux sont vides.
Des câbles le relient à une borne Wi-Fi, comme un nourrisson à sa mère.
Il incarne l’oubli de soi, l’addiction numérique, la perte de présence.
Il traverse les salons, les métros, les lits conjugaux.

Son passage ne brûle pas — il dissout.

Le Cavalier du Vide

Sur un cheval verdâtre, translucide, il est presque invisible.
Son corps est creux, son visage sans traits.
Il est aspiré par une spirale de réseaux sociaux, une tornade de contenus, une avalanche de rien.
Il incarne la disparition de l’identité, la fusion avec le flux, la fatigue d’exister.

Il ne traverse rien — il s’évapore.

Et le monde les regarde passer…

Pas avec effroi.
Mais avec indifférence.
Car ces cavaliers ne viennent pas de l’extérieur.
Ils sont déjà là, en nous, autour de nous, dans nos gestes, nos habitudes, nos plaisirs.
Ils ne portent pas l’Apocalypse biblique.
Ils portent l’Apocalypse douce — celle qui ne fait pas de bruit, celle qui ne détruit pas mais remplace.
Ils ne tuent pas le monde.

Ils le remplacent par un simulacre.