Le Voile islamique: entre étendard de liberté et symbole d’oppression
Le voile islamique est aujourd’hui au cœur d’un débat féministe mondial, tiraillé entre revendication identitaire et dénonciation d’oppression. Dans les régimes islamistes comme l’Iran, des femmes risquent leur vie pour ne pas le porter. En France, d’autres revendiquent le droit de le porter dans l’espace public. Ce paradoxe révèle une fracture profonde dans les conceptions du féminisme.
Deux contextes, deux réalités
🇮🇷 En Iran : le voile comme instrument de répression
Depuis la révolution islamique de 1979, le port du voile est obligatoire pour toutes les femmes en Iran. Ce n’est pas un choix, mais une loi. Le mouvement « Femme, Vie, Liberté », né après la mort de Jina Mahsa Amini en 2022, incarne la révolte contre cette obligation. Des femmes comme Ahou Daryaei ou des milliers d’anonymes ont bravé les interdits, parfois au péril de leur vie.
En 2024, une loi iranienne prévoyait même la peine de mort pour celles qui militent contre le port obligatoire du voile. Amnesty International qualifie cette législation de « honteuse et inhumaine ». Le voile devient ici un symbole d’oppression étatique, un marqueur de soumission imposée par la loi religieuse.
🇫🇷 En France : le voile comme revendication identitaire
À l’inverse, en France, certaines femmes revendiquent le port du voile comme un acte de foi libre et une expression de leur identité. Elles dénoncent les lois sur la laïcité comme discriminatoires, notamment l’interdiction du voile à l’école ou dans certaines fonctions publiques.
Des militantes comme Rokhaya Diallo ou des collectifs comme Lallab défendent une vision intersectionnelle du féminisme, qui prend en compte les discriminations croisées liées au genre, à la race et à la religion. Pour elles, interdire le voile revient à exclure les femmes musulmanes de l’espace public.
Le dilemme féministe
Le cœur du débat repose sur une tension entre deux principes :
- Le féminisme universaliste, qui considère que le voile est un symbole patriarcal incompatible avec l’égalité entre les sexes.
- Le féminisme intersectionnel, qui défend le droit des femmes à choisir leur apparence, même si cela implique des codes religieux.
Mais cette tension devient intenable lorsqu’on compare les contextes. Peut-on considérer comme féministe le port volontaire d’un symbole que d’autres femmes refusent au péril de leur vie ?
Le paradoxe du tissu
Ce paradoxe est incarné dans une image :
- À Téhéran, une femme arrache son voile en courant sous la pluie, poursuivie par la police.
- À Paris, une autre brandit son voile comme un drapeau, entourée de slogans : “Mon choix”, “Ma foi”, “Ma rue”.
- Entre les deux, un miroir brisé reflète leurs visages
“Ce n’est pas le tissu qui fait la liberté, c’est le droit de le choisir — ou non.”
Références
- Slate – Mouvement Femme, Vie, Liberté en Iran
- Amnesty International – Loi iranienne sur le voile et peine de mort
- VVA Natation – Histoire du voile obligatoire en Iran
- Amnesty Suisse – Nouvelle loi iranienne sur le voile


